L’église qui réussit s’entoure

L’EGLISE QUI REUSSIT S’ENTOURE

< Koinonia

Auteur : Luciano BRANCO


INTRODUCTION

La plupart des gens veulent réussir. Mais que faut-il entendre par réussite ? D’ores et déjà, avant même de débuter notre réflexion, précisons ce titre : « L’Église qui réussit s’entoure ! » Premièrement, l’idée de « réussite » : elle se caractérise par le fait de posséder en abondance ce qui a le plus de valeur pour soi. Le mot clé à retenir est le mot VALEUR. La définition de la réussite est donc bien différente d’une personne à l’autre puisque nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Lorsqu’on évoque la réussite, et plus précisément ce qui concerne l’Église, celle-ci n’a évidemment pas adopté les valeurs du MONDE que l’on s’applique peut-être au quotidien ! Il est donc facile d’affirmer que nos valeurs sont liées à notre foi, donc spirituelles et non charnelles. La réussite de l’Église ne se fonde jamais sur « le fruit de la compétence ou sur le « le résultat d’une performance ». Elle les utilise néanmoins, mais nous traiterons de cela plus tard. Rappelons-nous l’engagement de Jésus-Christ : « … Je bâtirai mon Église… (Mt 16.18). Tout autre scénario ne peut que nous crisper !

Le livre de l’Ecclésiaste introduit un solennel avertissement aux ambitieux qui cherchent à réussir sur terre uniquement : « … Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours » (Ecc. 1.1-4). Le mot VANITÉ, au singulier ou au pluriel, revient plus de 30 fois dans ce livre. Le thème de la futilité et de ce qui est sans importance revient constamment. Avez-vous déjà eu le sentiment que la vie n’est qu’une succession de frustrations ? Salomon poursuit : « Toutes choses se fatiguent au-delà de ce qu’on peut dire, l’oeil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre » (Ec 1.8). L’humanité a-t-elle jamais été satisfaite de ce qu’elle possède ? A-t-elle jamais dit : « J’en ai suffisamment » ?

OUI ! Nous affirmons que « l’Église qui réussit s’entoure ». Néanmoins, nous ne souhaitons pas prescrire de recette miracle ! D’autres, bien plus expérimentés, ont déjà statué sur le sujet ! Les guides pratiques décrivant des modes de fonctionnement et des programmes sur mesure vous sont proposés dans vos librairies. Nous trouvons néanmoins dommage d’associer, la plupart du temps, la « réussite » aux résultats uniquement ! Nous serons certainement étonnés d’entendre un jour les louanges de notre Dieu envers des ouvriers, au travail, et dont le résultat, humainement parlant, est difficilement quantifiable !

De même, il est indispensable de saisir la signification néotestamentaire du terme « ÉGLISE ». Ce mot englobe pour certains l’ensemble de toutes les dénominations chrétiennes dans le monde. D’autres y voient une institution, sclérosée, qui se prête facilement à une manipulation, une fois que les postes « clés » tombent entre les mains d’hommes peu spirituels, tandis qu’aux yeux de beaucoup, ce mot ne définit qu’un bâtiment où le chrétien se dirige pour pratiquer des rites et partager sa foi avec d’autres. « On a, pendant des décades et même des siècles, ouvertement appelé Eglise quelque chose qui n’est pas l’Église ; et il en a été ainsi pour cette seule raison que l’on n’était pas au clair sur le sens du mot et de son contenu » (Emil Brunner). L’Église, au sens propre et spirituel, se voit à plusieurs niveaux, local et universel. En réalité, l’ensemble des rachetés, ceux qui ont l’Esprit Saint, à n’importe quel niveau d’expression, peut légitimement être appelé « Église ».

Venons-en maintenant à notre affirmation : « L’Église qui réussit s’entoure ! » C’est-à-dire qu’elle s’organise au-delà même des frontières de son clocher. Elle ne se prive de rien, à partir du moment que cela soit orthodoxe. Sa seule préoccupation est l’accomplissement total des mandats que Dieu lui a transmis. En cela, elle y trouve pleinement de la satisfaction, ce sentiment lié au fait d’accomplir ce qui est censé avoir le plus de valeur pour les croyants, c’est-à-dire l’ÉGLISE :

Gagner des âmes : 1 Pi. 2.9 ; Mt. 28.19-20 ; Ac. 1.8 ; 2 Cor. 5.20
Grandir en nombre et qualité : Eph. 4.11-12 ; Mt. 4.4 ; 1 Cor. 3.2 ; Héb. 5.11-14
Garder la saine doctrine : 1 Tim. 3.15 ; Jd. 1.3 ; Mt. 5.13-14
Glorifier le Christ : 1 Cor. 10.31 ; Eph. 1.5-6 ; 3.12 ; Rom. 5.6 ; Apo. 19.7

Attention ! Nous ne souhaitons pas aborder ici les combinaisons dénominationelles, mais considérer simplement un fait : « La cause de l’Évangile ». Elle est suffisamment importante pour nous y atteler sérieusement. Christ est digne d’obtenir de chacun de nous le meilleur ! Pour le dire autrement, n’ayons pas des motivations moindres envers le Royaume des Cieux. Dieu reproche au peuple d’Israël ses mauvaises préoccupations. Pourquoi ? Parce qu’il se concentre d’abord sur autre chose que sur la personne même de Dieu : « Vous comptiez sur beaucoup et voici que vous avez eu peu ; Vous l’avez rapporté à la maison, mais j’ai soufflé dessus. À cause de quoi ? Oracle de l’Éternel des armées : À cause de ma maison, qui est en ruines, Tandis que vous vous empressez chacun pour sa maison ». (Agg. 1.9-10).
Si quelqu’un a l’occasion d’avoir des conseils, une aide, un soutien ou quoi que ce soit qui puisse faire croître l’ÉGLISE et promouvoir l’Évangile, pourquoi s’en priver ? Mais aussi, si j’ai moi-même dans mon église la possibilité d’aider, de conseiller, pourquoi ne pas le faire ? « Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché » (Jq. 1.17).
Ce n’est pas un concept nouveau ! Nous le pratiquons tous les jours pour nous-mêmes, nos proches et nos enfants. Pourquoi pas pour l’oeuvre de Dieu ? Lorsque nous sommes en panne et que nous ne connaissons rien en mécanique, aimerions-nous recevoir le conseil d’un mécanicien ? Vous allez construire une maison : allez-vous vous entourer d’un architecte ? Vous n’avez jamais fait un noeud de cravate : accepteriez-vous que quelqu’un le fasse pour vous ? Vous êtes gravement malade : consulteriez-vous un médecin ? Nous qui n’hésitons pas au quotidien à nous entourer des meilleurs spécialistes en tout genre et de personnes bien disposées à notre égard, pourquoi ne pas avoir le même comportement vis-à-vis de l’ÉGLISE ? Pourquoi nous priver du meilleur pour l’œuvre de Dieu ? Pourquoi mon église aurait-elle réponse à tout ! Personnellement, pour mieux avancer dans la vie, dans notre quotidien, nous ne nous privons de rien ! En est-il de même pour l’œuvre de Dieu ?

La Bible expose moult situations qui nous montrent des hommes, des femmes, des communautés qui s’entourent afin de cheminer et grandir pour la gloire de Dieu. Toutes ces descriptions sont aujourd’hui pour nous des prescriptions. Je vous propose de considérer au moins trois vérités bibliques qui nous encouragent à ne jamais nous priver les uns et des autres :

L’Église qui réussit s’entoure…

Premièrement de l’Église
Évidemment de spécialistes
Forcément des besoins d’autrui


L’ÉGLISE QUI RÉUSSIT S'ENTOURE DE L'ÉGLISE

« Le corps humain forme un tout, et pourtant il a beaucoup d’organes. Et tous ces organes, dans leur multiplicité, ne constituent qu’un seul corps. Il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ » (1 Cor. 12.12, version Semeur)

L’Église locale représente les croyants qui se rassemblent et s’organisent sous la responsabilité de conducteurs spirituels. Elle est appelée à vivre sa foi de progrès en progrès. Comme le définit GRUDEM : « Il y a l’Église telle qu’on la voit et l’ÉGLISE telle que Dieu la voit ». De par notre histoire protestante, nous avons commis certaines erreurs : Nous avons par exemple cru que le salut s’obtenait par la foi indépendamment de l’ÉGLISE. Ce qui est faux ! Sans nous en rendre compte, nous avons appauvri théologiquement « l’ÉGLISE telle que Dieu la voit ». Les Catholiques, quant à eux, l’ont trop enrichie, puisqu’ils affirment qu’elle est moyen de salut.

Il ne faut pas penser que les chrétiens qui sont éparpillés dans le monde sont simplement des individus distincts et détachés les uns des autres. Ils sont le corps de Christ, l’Église. En tant que croyants, ils sont spirituellement corps de Christ. Lorsque Paul s’adresse aux Corinthiens, il leur rappelle cette réalité spirituelle qui existe au-delà même de leur propre communauté. « Aucun de nous ne vit pour lui-même et aucun ne meurt pour lui-même. Notre vie ne nous appartient plus. Notre vie durant, pour notre Seigneur, nous voulons vivre. Au dernier moment, pour notre Seigneur, nous voulons mourir. Dans la vie ou dans la mort, entre les mains du Seigneur nous demeurerons » (Rom. 14.7-9, Parole Vivante).

Il est clairement impossible pour un pasteur de tout savoir, de tout faire ! Jusque-là tout va bien, c’est une déclaration relativement acceptée. Mais si j’affirmais aussi qu’il est tout simplement impossible que votre église réponde à tous ses besoins, comment réagiriez-vous ? Peut-elle couvrir, à elle toute seule, toutes les activités évangéliques possibles ? Citez dans votre entourage une église en France capable d’assumer : des colonies de vacances, un institut biblique, un travail social d’envergure, la publication de littérature chrétienne, un soutien aux frères persécutés dans le monde, la traduction de la Bible dans de nouvelles langues … !

L’Église qui réussit s’entoure premièrement de l’Église telle que Dieu la voit. C’est une réalité que vous ne pouvez nier. J’ajoute qu’elle doit être cultivée, exploitée et propagée. Avant d’être une organisation, l’Église est un organisme, organique ! S’exonérer d’une telle vérité, n’est certainement pas sans conséquence.


L’ÉGLISE QUI RÉUSSIT S'ENTOURE ÉVIDEMMENT DE SPÉCIALISTES

Comment ne pas accepter une telle vérité ? Nous nous entourons au quotidien de spécialistes en tout genre ! Mais, lorsqu’il s’agit de l’oeuvre de Dieu, ce qui est évident pour nous ne le serait plus pour l’église ? Nous avons besoin de spécialistes comme nous le dit : Eph. 4.11-12 : «… il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ ».

Même si nous adoptons une position cessationiste (ce qui est mon cas) selon laquelle les apôtres et les prophètes n’existent plus, le principe n’est toutefois pas révoqué par le Seigneur « …il a donné les uns…les autres… pour le perfectionnement des saints en vue de... l’édification du corps de Christ ». Aujourd’hui encore, différents types de ministères spécialisés sont utiles au corps de Christ. Aujourd’hui encore, nous devons nous entourer de frères et de soeurs qui sont à la pointe dans leur domaine. Puis-je me permettre, afin d’aiguiser notre réflexion, la transcription de ce passage d’Ephésiens 4.11 en disant : «… il a donné les uns pour un ministère parmi l’enfance, les autres comme enseignants dans un institut biblique, les autres comme évangélistes parmi les juifs, les autres parmi les musulmans, les autres parmi les nécessiteux, les autres pour préparer les futurs missionnaires … pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ ».

Il ne s’agit pas de faire l’éloge des ouvriers fidèles que le Seigneur utilise, loin delà ! Nous voulons souligner le solennel avertissement de Mackintosch qui disait ceci : « Il y a toujours un grand danger dès qu’un homme (ou son oeuvre) commence à se faire remarquer. Si l’attention se focalise sur quoi que se soit ou qui que ce soit d’autre que le Seigneur Jésus lui-même, ce serviteur peut être sûr que Satan a atteint son objectif. Une oeuvre peut débuter dans la plus grande simplicité, mais par manque de sainte vigilance et de spiritualité, il se peut que l’ouvrier attire l’attention sur lui-même ou sur les résultats de son oeuvre, et tombe ainsi dans le piège du diable. Le plus grand objectif de Satan est toujours de déshonorer le Seigneur Jésus. Et s’il y réussit par ce qui semble être un service chrétien, il a remporté la plus grande victoire du moment. » (C.H. Mackintosch)

S’abstenir de personnes compétentes et spécialisées, qui le sont parce que l’Esprit de Dieu les y a disposées, c’est tout simplement aller à l’encontre du processus que Dieu a établi pour son Église. Alors, sommes-nous indispensables à l’oeuvre de Dieu ? Certainement pas ! Mais Dieu a fait le choix de bâtir Son Église ainsi : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Mt. 16.18).


L’ÉGLISE QUI RÉUSSIT S'ENTOURE AUSSI DES BESOINS D'AUTRUI

Le Nouveau Testament nous présente toutes sortes d’églises du premier siècle. Nous constatons que chacune d’entre elles a des carences à un moment ou à un autre ! Certaines reçoivent des encouragements et d’autres des avertissements :
L’église de Thessalonique est connue pour sa foi : « votre foi s’est fait connaître en tout lieu » (1 Thess. 1.8).
L’église de Corinthe, au contraire, est célèbre pour la pagaille qui règne en son sein. Il y a ainsi en son sein du désordre social, moral, ecclésial, doctrinal, et désordre même entre frères : «...moi je suis de Paul, moi de Céphas, moi de Christ...» (1 Cor. 1.12).
L’église des Galates se fait remarquer principalement par son inconstance théologique. « Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelé par la grâce » (Gal. 1.6).
L’église d’Éphèse est connue pour sa profondeur et son amour. Premier amour, qu’elle abandonnera avec le temps. « Ce que j’ai contre toi s’est que tu as abandonné ton premier amour » (Apo. 2.4).
L’église de Philippe est reconnue pour la part qu’elle a prise à l’Évangile (Phil. 1.5).
L’église de Bérée est Baptiste 🙂 parce qu’elle vérifiait tous les jours dans les Écritures si ce que Paul prêchait était exact.

Vous constatez au travers de ces textes que, bien que ces communautés soient toutes au bénéfice de la croix, toutes n’ont pas les mêmes besoins ! Aujourd’hui, comment faire pour implanter une nouvelle église en France ?

Certaines églises vacillent alors même qu’elles ont eu un bon départ.
D’autres vivotent et, après des années, elles stagnent ou ferment.
Quelques-unes n’arrivent même pas à décoller.

La question qui se pose à nous aujourd’hui : Que se passe-t-il lorsqu’une église pionnière est en difficulté, en carence et dans un besoin ? RIEN ! Il ne se passera RIEN pour la bonne et simple raison que l’Église de demain sera toujours celle qui se décide aujourd’hui ! Pour mieux comprendre cette affirmation, j’aimerai que l’on puisse s’inspirer de l’église de Jérusalem. Pourquoi Jérusalem ? Simplement parce que nous avons là un exemple d’église mature. Observons son attitude vis-à-vis de ce qui se passe à Antioche. L’église d’Antioche (Ac. 11.19-24) est née par le témoignage de chrétiens en fuite et persécutés. C’est dans la souffrance et la douleur que cette église vient au monde. Non pas tant par les gens d’Antioche, mais par ceux qui fuient Jérusalem !
« Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l’occasion d’Étienne allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs. Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, étant venus à Antioche, s’adressèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles des membres de l’Église de Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu’à Antioche ». (Actes 11.19-22)

D’où viennent les ressources d’une église naissante comme celle d’Antioche ? Qu’elles soient matérielles ou humaines, elles sont toutes externes ! Cela signifie que l’église de Jérusalem s’entoure, certes, mais entoure réciproquement ceux qu’elle a la capacité d’aider ! Pour Antioche, tout a été envoyé et financé par l’église de Jérusalem. En particulier le premier ouvrier, en l’occurrence Barnabas, puis l’apôtre Paul. Plus tard (Ac. 11.30), l’église d’Antioche, après avoir été entourée de l’église de Jérusalem, est maintenant capable de venir à son tour en aide aux autres communautés. Ils ont compris qu’un don ne se donne pas à l’aveugle. Ils le confient à des anciens qui sauront en faire un bon usage spirituel. Cet exemple à lui seul nous démontre l’utilité d’avoir des églises qui considèrent aussi les besoins d’autrui.

On dit que celui qui réussit, c’est celui qui s’entoure, ou qui sait s’entourer. Lorsqu’on se lance dans le ministère pastoral, il est tout à fait naturel qu’on cherche à accomplir son ministère de manière efficace. Bien entendu, ce désir ne doit pas avoir la prétention de produire la réussite, mais il n’en reste pas moins un devoir de notre part. Dieu attend de nous une consécration totale qui suppose de mettre en œuvre notre zèle, notre rigueur, notre ambition, notre savoir-faire, notre coeur, tout en réalisant que tout n’est que grâce de Dieu.

L’Église qui réussit s’entoure…

Premièrement de l’Église
Évidemment de spécialistes
Forcément des besoins d’autrui

La main d’association

LA MAIN D’ASSOCIATION

< Koinonia

Auteur : Emmanuel FISCHER


Que dit la Bible sur les associations ? En réalité, elle est assez muette à ce sujet ! Aussi, pour répondre à cette question, nous commencerons par chercher quelques principes bibliques pour développer notre sujet. Puis nous évaluerons la nécessité d’avoir ou pas des associations, ainsi que leurs limites et leurs avantages.


I. LES FONDEMENTS BIBLIQUES DE L'ASSOCIATION
A. Les objectifs de l’église locale :

« Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. » (Ac. 2.42 )
La Bible nous rappelle quatre objectifs majeurs pour le développement de l’église locale. Le premier est celui de l’enseignement qui doit concerner aussi bien les adultes que les enfants. Dieu désire que les chrétiens deviennent des disciples matures qui s’approprient la doctrine et croissent spirituellement.
Le second objectif est la communion fraternelle. Elle développe les relations entre les croyants, mettant en pratique l’amour, la discipline et par conséquent l’humilité.
Le troisième objectif est le partage de la Cène. C’est une occasion de souvenir afin d’apprécier à sa juste valeur l’œuvre magistral de grâce accordé par Jésus-Christ au pécheur.
Et finalement, le quatrième objectif est la prière. C’est une arme indispensable à l’église pour combattre dans tous les domaines qu’ils soient pratiques ou spirituels.
Nous trouvons ainsi notre premier principe. Dieu désire que les chrétiens croissent en foi et en connaissance.

B. Une main d’association :

« Et ayant reconnu la grâce qui m’avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d’association, afin que nous allions, nous vers les païens, et eux vers les circoncis. »

Le mot « association » (koinonia) signifie «  communion fraternelle, contribution, prendre part ». Ainsi, une communion fraternelle, c’est-à-dire une association, s’était à l’époque érigée entre le travail de Jacques, Céphas, Jean et l’apôtre Paul et Barnabas. Chacun avait une mission particulière. Paul devait évangéliser les païens et Pierre devait s’occuper des Juifs. Les méthodes pour accomplir leur mission étaient différentes. Pourtant, ils ont eu le désir de s’associer, de vivre une « communion/association » pour l’œuvre du Seigneur. Deux missions, mais un objectif commun : évangéliser les païens et les Juifs tout en s’occupant des pauvres.

Nous trouvons ici notre deuxième principe. Dieu qualifie chacun pour une mission particulière, avec des objectifs différents, mais toujours dans l’intérêt commun de l’Église.

C. Un corps bien coordonnés :

« C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans l’amour. » (Eph. 4.16)

L’expression « bien coordonnée » vient du grec sunarmologeo qui signifie « joindre étroitement, structurer ensemble ». Le solide assemblage (sum-bibazw) parle de « faire fusionner, joindre et renforcer la cohésion ». Il y a ici l’idée de travailler ensemble dans un but précis. Puisqu’il existe des dons et des forces variés dans l’église — un travail qui convient à chacun — ils ont toujours pour but l’édification du Corps de Christ. C’est donc vivre l’amour de Jésus-Christ, tout en croissant dans la pratique de la connaissance de la doctrine.

Un troisième principe trouve sa place. Dieu désire que les croyants travaillent dans l’unité, en partageant leur compétences, afin de faire croître l’église locale.

D. Les relations entre églises locales dans le Nouveau Testament :

L’église locale est par définition indépendante. Elle gère elle-même son quotidien et ses questions pratiques. Mais cela ne signifie pas qu’elle vive isolée et autarcique. Le livre des Actes nous dévoile le quotidien des églises et les relations qu’elles avaient crées entre elles. Des liens fraternels s’étaient tissés au fur et à mesure de son développement. Dans cette communion fraternelle, l’entraide avait sa place et tout particulièrement quand une église avait des difficultés. Dieu désire donc que les églises se soutiennent les unes les autres, à commencer par la prière. D’ailleurs, avons-nous ce reflex de prier régulièrement pour les églises de la région ?

L’entraide est un quatrième principe, dont la source et les motivations puisent leur énergie dans l’amour.

E. L’autorité de l’église locale :

Nous l’avons dit précédemment, l’église locale est autonome et toutes ses activités sont dictées par l’autorité locale. Ainsi, Paul et Pierre furent envoyé en mission, après concertation et autorisation de l’église locale d’Antioche (Ac. 13.1-3). L’église locale valide ou refuse donc les divers projets qui se présentent à elle. Elle veille au bon fonctionnement de ses activités et s’assure qu’elles soient en conformités avec la Bible et la volonté du Seigneur.

Pour autant, cela ne signifie pas que l’église locale cesse de travailler pour l’Église universelle. Bien au contraire, elle partage ses dons et ses qualifications avec l’ensemble du Corps du Christ. Mais elle le fait toujours sous l’autorité de l’église locale qui devient le « référent » en matière de relation avec les structures extérieures.

Notre cinquième principe est celui du « référent ». L’église locale possède l’autorité qui régit et entoure les relations ou la création des associations chrétiennes.

Pour résumer :

La Bible n’est pas contre le fait qu’il existe une association de chrétien dans un but particulier. Au contraire elle l’encourage dans les bons et les mauvais jours. Mais cette « association » temporaire s’appuie les quelques principes que nous venons d’évoquer.

Une question peut alors être posée : est-ce que les associations chrétiennes actuelles, c’est-à-dire celles qui ne sont pas liées à une église locale, peuvent répondre positivement au cahier des charges exposé ci-dessus ? Dans beaucoup de cas la réponse est non !

Nous l’avons vu, s’associer équivaut à vivre une communion fraternelle. Il est donc bénéfique pour les églises locales de s’associer à l’occasion dans le but de faire croître le Corps de Christ, mais toujours et inexorablement sous l’autorité de l’église locale.


II. POURQUOI DES ASSOCIATIONS ?
A. L’état :

Distinguons maintenant la « main d’association » biblique et les associations instituées par la République française. Notre état impose de déclarer en association toutes structures. Ainsi naissent des associations cultuelle (1905) et des associations culturelles (1901). Le fait de structurer l’église locale en association cultuelle n’est pas en soi négatif. Cela oblige l’église à réfléchir à son identité et à ses buts pour lui assurer une crédibilité et une certaine sécurité. Dieu est un Dieu d’ordre. Même si parfois la gestion de ces associations sont fastidieuses, remercions notre Seigneur de pouvoir vivre librement notre foi dans notre pays.

B. La création d’association chrétienne indépendante :

Il existe aujourd’hui dans le christianisme moderne, une sorte de reflex, une politique individualiste qui poussent des croyants à créer des d’associations chrétiennes indépendamment de l’église locale. Et il y en a à foison ! Alors pourquoi agissent-ils ainsi ?
Est-ce à cause d’une faillite de l’église locale ? Peut-être que, par manque de compétences intérieures, par le fait que l’on ne permette pas aux chrétiens d’exercer leurs dons, ou encore à cause du manque de discernement — ou plus grave — par dictature des responsables, certains membres cherchent à s’épanouir hors de l’église locale.

Une deuxième cause est certainement le manque de moyens financiers. Il est vrai que la libéralité chrétienne est bien souvent impécunieuse dans nos églises. Cela à forcément une incidence sur les projets de l’église locale. Cette pénurie pécuniaire paralyse certains aspects de la croissance des assemblées. Aussi, et cela semble presque légitime, des associations naissent avec l’ambition de mettre en place ces projets à leur place, libres de toute attache et autorité spirituelle.

Une troisième cause est certainement le manque de vision de l’église locale. Nous vivons bien souvent sur nos acquis, ces « traditions » qui nous assurent une certaine sécurité, mais qui paralysent en réalité l’essor de l’église locale et de ses missions. Alors, d’autres plus zélés ou plus aventureux, saisissent les opportunités de ces « marchés » au détriment de l’église locale.

C. Des ambitions d’indépendances :

La création des associations indépendantes de l’église locale ont certainement des ambitions légitimes et très chrétiennes. Elles désirent palier aux carences dont souffre plus ou moins l’église locale. Certes, mais pour cela elles « dérobent » intentionnellement ou non les talents de l’église locale et impose bien souvent un absentéisme de ses membres lors de ses réunions hebdomadaires.

La véritable question est savoir pour qui elles travaillent en réalité et à quels fins ? Est-ce pour des ambitions personnelles, l’appât du gain, une éventuelle gloriole évangélique, ou encore une soif incommensurable de compétition ? Car cette recherche d’indépendance cache certainement une difficulté de subordination.

Le paradoxe est que beaucoup d’associations peinent à se développer. Le résultat se résume par de l’argent gâché et du temps perdu. Si l’on comptait les euros qui ont été investis dans différentes associations dont le résultat est peu convainquant, nous aurions peut-être pu investir cet argent dans un nouveau bâtiment d’église.

La Bible nous conseille la « main d’association », c’est-à-dire le regroupement de nos ressources et de nos dons. Cette stratégie ecclésiale a fait ses preuves autrefois et a permit l’essor formidable de l’Église primitive.

D. Alors, à qui la faute ?

Il est facile de constater dans nos églises, que la critique a le verbe facile. Nous aimons nous offusquer devant les hérésies ou crier notre effroi devant la modernité évangélique. Mais quelle réponse donnons-nous à toutes ces déviations ? Qui a pris le temps d’imaginer ou de mettre en place des moyens pour corriger les erreurs actuelles ? Évidement, il faut de l’argent pour créer et gérer par exemple un site Internet, dont l’objectif serait de proposer aux internautes une solide doctrine conservatrice. Mais pour cela, il faut retrousser nos manches baptistes et associer nos compétences, nos finances et notre zèle pour Jésus-Christ. Il est certain que nous avons une responsabilité dans ces domaines.

E. Pourtant, il faut des associations !

Il est évident que l’église locale ne peut pas répondre à tous les besoins des chrétiens. La petitesse de nos structure en est peut-être la cause. Aussi, une association peut apporter des outils spécifiques à l’assemblée locale.

A cet effet, nous ne dirons jamais assez de bien quant à la création de camps chrétiens, du travail que font les instituts bibliques, etc. Mais ces associations ne cherchent pas à fuir l’église locale et son autorité. Au contraire, elles travaillent main dans la main, donnant muscles et mouvements à cette précieuse « main d’association ». De grand projets peuvent naître lorsque les ambitions des églises locales s’harmonisent dans le partage des compétences et des moyens financiers.


III. LIMITES ET  AVANTAGES DES ASSOCIATIONS
A. Les limites des associations :

Une première limite que nous pouvons constater, c’est la limite confessionnelle. Une association chrétienne affiche obligatoirement une confession de foi pour faire valoir son identité. Mais pour plaire à tout le monde, cette confession de foi est bien souvent réduite à sa plus simple expression. Pour vendre Dieu, il faut pourfendre la doctrine !

C’est là tout le paradoxe. Car le désir d’une nouvelle association est de fournir par exemple de nouvelles technique pour dispenser un meilleur enseignement. Pourtant, elle ne pourra pas inculquer en profondeur la doctrine, ni afficher la totalité de ses convictions. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que pour exister, il faudra faire le sacrifice de plaire à tous. Par conséquent, le bon dépôt ne peut pas être transmis dans sa totalité !

Le but d’une association chrétienne devrait donc être de servir Dieu pleinement, sans concession doctrinale ni ostracisme à l’encontre de l’autorité de l’église locale.

La second limite est celle du marketing. Car pour vivre, il faut vendre ! Et toutes les techniques commerciales feront l’affaire. Si l’on est un tantinet observateur, il est aisé de découvrir qu’il existe une insidieuse concurrence entre associations dites chrétiennes. L’apôtre Paul doit s’en retourner dans sa tombe !

Là où les projets chrétiens devraient se développer par une « main d’association », beaucoup d’entre eux connaissent les ingénieurs d’une « main individualiste ». Travailler pour soi, c’est mal travailler. Travailler pour s’enrichir, c’est privé l’église de l’argent que Dieu a confié aux croyants afin qu’il bâtissent son Église. Une fois encore, l’argent investit dans certains efforts évangélique ou associatif — et qui de surcroit coûte extrêmement cher pour un résultat minime — prive les véritables projets de Dieu dans sa stratégie de croissance de l’Église. Quel gâchis nous dira un jour Jésus-Christ !

B. Les avantages (boite à outils associatives) :

Mais ne soyons pas trop négatif. Car il existe heureusement des associations chrétiennes qui travaillent étroitement avec l’église locale et désirent servir sous son autorité. Elles sont l’oxygène des assemblées qui manquent d’effectifs ou de dons spécifiques. Grâce à elles, des serviteurs sont former théologiquement, des disciples se perfectionnent et des personnes viennent à Christ.

Que ce soit par leur expérience, leurs écrits, leurs talents, toutes ces associations renforcent le travail de perfectionnement de l’église locale. Comme nous l’avons vu, cette dernière ne possède pas tous les dons. Mais l’Église universelle, elle, les possède tous. Il est donc profitable aux églises locales, plutôt que de créer une nouvelle association, de se donne la « main d’association » en partageant leurs boites à outils. Si nous manquons d’un marteau pour construire l’église, ne concevront pas un nouveau marteau, mais empruntons-le à une église proche. Gain de temps, gain d’énergie et gain évident pour l’église locale.

Finalement, la « main d’association », c’est cette communion fraternelle mise en pratique. C’est le désir de partager les compétences et les atouts de toutes les églises locales pour affermir et consolider l’Église universelle. C’est aussi la sécurité d’un travail de qualité, puisqu’il s’accomplit sous l’autorité de l’église locale. Et surtout, c’est la garantie que le bon dépôt soit transmis aux générations suivantes. A bien y réfléchir, il n’existe en réalité aucune limite pour qui veut se donner la « main d’association » !


CONCLUSION

Alors, les associations, est-ce biblique ou non ? Vous l’aurez compris, il est difficile d’être affirmatif. Seulement, dans la jungle des arguments, nous pouvons découvrir qu’il existe une clairière évidente. Car les principes bibliques nous conseillent de préférer la « main d’association » à la « main d’indépendance ».

Notre Seigneur a sacrifié sa vie pour former le Corps de Christ. Cette Eglise universelle est un peu comme une belle et fière fourmilière dans laquelle œuvrent des dons multiples et variés, et dont le but n’est pas narcissique, mais profitable à tous.

Aussi contemplons la merveilleuse idée de Dieu qui pousse les chrétiens vers cette « main d’association ». Cela les contraint à sortir de leurs donjons capitonnés, à braver les créneaux de l’orgueil, et finalement, à lever le pont levis de leur atonie pour aller tendre la main à une église voisine. Dieu nous veut humble et actifs, usant de toutes les stratégies divines qui permettront de faire croître son Eglise et de transmettre avec complétude sa sainte Parole.

Que nous puissions ne pas céder à la facilité, car la tentation d’indépendance est grande. S’il est aisé de créer une association, il est plus contraignant de débusquer les dons dans nos églises locales. Cela demande du travail, de la prière et du discernement. Mais au final, c’est une véritable opportunité pour nos églises et pour celles de notre communion. Alors qui veut saisir ma « main d’association » ?

Indépendant tout en étant interdépendant

INDÉPENDANT TOUT EN ÉTANT INTERDÉPENDANT

< Koinonia

Auteur : Carey ABBETT


2 CORINTHIENS 8.6
Pour le monde, être solidaire, c’est de donner financièrement ou de son temps – de donner des ressources.
Mais pour nous, pour un chrétien ça doit être bien plus que cela. Si je suis réellement solidaire d’une personne ou d’une église, alors je ne dirais rien de mauvais contre cette personne ou cette église. Il n’y aura pas de médisance, pas de critique négative, pas de jugement parce que les choses sont faites différemment de ma façon/vision (Rom. 12.4-5).
Il n’est pas normal d’avoir différentes parties du même corps qui empêchent d’autres membres à faire leur travail correctement. Au contraire, c’est quand chaque partie du corps, chaque organisme, chaque molécule, chaque globule, chaque veine, muscle, os et nerf travaillent ensemble pour le bien du corps entier afin que ce même corps puisse opérer avec toute sa puissance et toutes ses capacités.


Quelques principes pour qu’un corps puisse fonctionner correctement :

I. NOUS DEVONS TOUS TRAVAILLER (V. 2-3, 5)
Les membres de ces églises, avant de pouvoir aider d’autres églises, ont appris à se donner eux-mêmes (v. 5). Il ne sera jamais possible de pouvoir nous aider les uns les autres sans d’abord apprendre à se donner soi-même au Seigneur.
On ne parle pas d’organisation, de mission ou même du nom d’une église, mais d’un dévouement personnel envers le Seigneur. Pas de limites, pas de condition pour essayer de trouver un « juste milieu », un terrain d’entente. La seule solution possible aux yeux de Dieu est une soumission entière à Lui ! (Rom. 14.7-8).


II. NOUS DEVONS TRAVAILLER ENSEMBLE (et non les uns contre les autres)
Nous voyons bien à travers ces versets que ces églises de la Macédoine sont restées soudées. Malgré les épreuves dont Paul fait mention, malgré les difficultés, peut-être même malgré les différences, il ne s’agissait plus de prouver qui a raison ou qui a la meilleure façon de faire, mais de se donner entièrement au Seigneur.
Travailler ensemble ne veut pas nécessaire dire travailler dans le même lieu ou joindre la même mission ou organisation ou école. Travailler ensemble veut dire qu’on prie les uns pour les autres, que nous ne faisons rien pour nuire à l’œuvre des autres – pas de médisance, pas d’à priori.


III. NOUS DEVONS TRAVAILLER D'ABORD DANS NOTRE EGLISE LOCALE
Ce que nous voyons dans ce passage, ce sont des églises (dans la Macédoines) qui répondent aux besoins d’une autre église (Jérusalem).
Nous ne prions pas parce que Dieu n’est pas au courant, nous prions parce que Dieu sait combien nous en avons besoin !


CONCLUSION
Nous devons travailler pour la gloire de Dieu et nul autre (Rom. 12.3-5, 9-11, 13, 15-16).
Qu’est-ce que c’est que la solidarité ou solitaire… (v. 15) ? « pleurez avec ceux qui pleurent, réjouissez avec ceux qui se réjouissent »

La puissance de l’entraide

LA PUISSANCE DE L’ENTRAIDE

< Koinonia

Auteur : Vincent BOURREL


INTRODUCTION

J’aimerais faire brièvement en introduction quatre remarques préliminaires sur ce chapitre 8. Ensuite, je développerai en trois points cette question de l’entraide (l’occasion, la difficulté, le moteur) et enfin on tirera en conclusion quelques aspects pratiques.
1. Il s’agit de la libéralité qui s’exprime entre églises et non au sein de l’église locale. Même si cette conception de la libéralité est vraie à l’intérieure de l’église locale, ici le texte évoque l’entraide entre églises (Cf . «  les églises  » v. 1, 24).
2. Il s’agit d’une collaboration entre églises, mais probablement non-formelle, basée sur la compréhension de l’évangile. Il n’y a pas de fédération, d’alliance, d’association 1901 ou 1905, de bureau, etc. Il y a de toute évidence une collaboration étroite entre les églises (v. 18, 19, 23).
3. Il s’agit d’une interpellation de l’apôtre Paul à l’église de Corinthe basée sur l’ADN de l’évangile donné au verset 9, et que l’on pourrait traduire : « si vous avez connu la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ ça doit se voir dans le soin que vous portez aux autres églises ».
4. Il ne s’agit pas avant tout d’argent, mais de communion avec Dieu (v.7, Segond 21). « De votre côté, vous avez tout en abondance : la foi, la parole, la connaissance, le zèle à tout point de vue et l’amour pour nous. Faites en sorte que la même abondance se manifeste dans cet acte de grâce. »


L’OCCASION DE L’ENTRAIDE : LA MANIFESTATION DE L’AMOUR

C’est intéressant de remarquer que certains ont plus que le nécessaire, alors que d’autres ont moins que le nécessaire. Mais c’est pourtant la même main, celle de Dieu, qui donne. On sait que Dieu ne fait pas de favoritisme, et Dieu sait compter au moins aussi bien que nous. Pourquoi est-ce qu’il donne plus à certains qu’à d’autres ? Pour nous donner l’occasion de l’entraide (v. 13-15). Parce que l’entraide c’est la manifestation de l’amour (v. 8, 24). La valeur ajoutée c’est l’amour.

Paul rappelle aussi que le vent tourne, aujourd’hui les Corinthiens ont les moyens de secourir les chrétiens de Jérusalem, ce ne sera pas nécessairement toujours le cas, car les Corinthiens pourraient bien avoir besoin un jour des chrétiens de Judée.


LA DIFFICULTÉ DE L’ENTRAIDE : LE CŒUR EGOÏSTE

Le verset 12 signifie que Dieu ne nous demande pas ce que nous n’avons pas. Par contre, il nous demande de faire preuve de bonne volonté par rapport à ce que l’on possède. Chacun apporte ce que le Seigneur lui a donné. Le problème c’est quand on croit que l’on n’a pas assez nous-mêmes pour aider. Et donc on ferme notre cœur à la possibilité d’entraide.

J’ai remarqué qu’on est aussi très regardant sur les églises ou les personnes qui ont besoin d’aide. On ne voudrait pas avoir encouragé une fausse doctrine ou ce que l’on considère comme tel, ou une mauvaise pratique de la musique ou des relations inter-églises… Et en fait, on élève toujours plus notre niveau d’exigence pour aider et soutenir, et du même coup on diminue considérablement les candidats potentiels pour recevoir notre aide, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne digne de recevoir nos dons. Est-ce qu’il n’y a pas de l’égoïsme là-dessous ?

Paul sait que les Corinthiens ont promis de donner, mais il craint que le jour où les frères passent pour récolter l’offrande il n’y ait rien de prêt. La cupidité, l’égoïsme font partie de l’ADN du pécheur (Mc. 7.21-22). Donc nous en sommes tous pourvus.
Pour en être délivré, Dieu nous enseigne à donner, à nous engager sciemment à pourvoir au besoin des autres par des dons volontaires, assidus, et en proportion de ce que l’on possède.

Bien sûr, nous sommes responsables de la gestion des finances du Seigneur et que c’est en conscience que nous devons pouvoir donner ou pas à une église ou une personne. Mais je crois qu’il faut faire attention à ce que la cupidité ne se cache pas sous l’aspect très respectable de la saine doctrine ou de la fidélité à Dieu… Si je ferme mon cœur à toute la détresse, c’est peut-être qu’il se cache quelque part de la cupidité, de l’égoïsme, de la suffisance. La difficulté c’est le péché dans notre cœur.


LE MOTEUR DE L’ENTRAIDE : LES REPRÉSENTANTS DES ÉGLISES

Dans les versets 16 et 17 Dieu a mis dans le cœur de Tite le même empressement pour ce projet. Il l’a fait de plein gré, donc personne ne peut nous contraindre à agir dans un sens que ne nous autorise pas notre conscience. Je note au passage que Tite veut stimuler les églises de l’Achaïe à imiter celles de Macédoine dans le soutien des églises de Judée. Ce sont les chrétiens d’origine païenne qui vont soutenir les chrétiens d’origine juive. Ce n’est pas le partisan qui parle, mais le cœur du chrétien qui veut aussi montrer sa reconnaissance aux Juifs pour l’évangile apporté aux païens qu’ils étaient.

Et puis, il y a un autre frère (v. 18) et encore un autre (v. 22) ; ce sont les soldats inconnus, mais qui portent le fardeau et le transmettent aux églises. Ils sont les « envoyés » des Églises. Paul les appelle « la gloire de Christ ». Parce qu’ils sont porteurs du message d’amour qui glorifie Christ. En fait ils sont les imitateurs de Jésus-Christ (v. 9). Ce sont des hommes fidèles, zélés, qui devront rendre des comptes aux églises. Ça n’est pas le projet de Paul on pourrait l’accuser d’utiliser les églises à des fins personnelles, mais c’est le projet des églises et ce projet est porté par des hommes. Vous êtes ces hommes. Vous savez très bien qu’en revenant dans vos églises vous pourrez présenter une vision d’entraide ou non. Les moteurs c’est vous qui par la puissance du Saint-Esprit pouvez encourager votre église à l’entraide d’autres églises… Si vous ne portez pas la chose vous ne laisserez pas l’église la portée. Mais vous et les hommes fidèles qui sont dans vos églises pouvez être les moteurs de l’évangélisation, de la mission dans notre pays et au loin.


CONCLUSION

En envoyant leurs différentes contributions à l’église de Jérusalem, les églises ont sauvé les croyants de la famine. Ils ont manifesté l’amour de Christ les uns envers les autres, ils ont vaincu l’égoïsme de leur cœur et enfin ils ont stimulé la croissance des frères par leur ressemblance à Jésus-Christ, c’est la puissance de l’entraide. Que Dieu vous bénisse !

Solidaire ou Solitaire

SOLIDAIRE OU SOLITAIRE

< Koinonia

Auteur : Jamel ATTAR


La solidarité est le soutien réciproque entre personnes qui partagent leurs joies et leurs peines ; elle peut être résumée par la célèbre devise : « un pour tous, tous pour un ». Elle trouve son équivalent dans les mots grecs de la famille de koinonia, traduit par solidarité dans certaines versions. L’étude a été consacrée à l’emploi de ce terme dans le Nouveau Testament.


La communion fraternelle au sens courant n’est qu’un des aspects de la koinonia biblique. Habituellement traduit par communion et renvoyant à la communion fraternelle, le terme koinonia est employé dans la Bible pour signifier la générosité, l’action matérielle, le secours mutuel, la libéralité envers les croyants dans le besoin, le soutien missionnaire et pastoral, les offrandes, la participation aux souffrances des frères (Rom. 12.13 ; 1 Tim. 6.18; Phil. 4.15 ; Gal. 6.6 ; Apo. 1.9). La Koinonia est même signe de l’unité et de l’universalité de l’église (Rom. 15.26-27). Elle a le sens de : « Partager avec quelqu’un ou participer avec quelqu’un dans quelque chose qu’il possède. Avoir quelque chose en commun, qui appartient aux deux… ».

Cette koinonia-solidarité est justifiée d’abord par la koinonia en Dieu, qui est koinonia trinitaire et aussi koinonia avec nous. L’une des plus belles choses de la foi chrétienne est qu’elle s’enracine dans la vie de Dieu qui est, à la différence de toutes les autres divinités inventées par les humains, une unité plurielle. Et parce que le Dieu qui se révèle à nous est Trinité de personnes, unies dans l’essence divine, toute koinonia est fondée en la koinonia des personnes de la Trinité (Mt. 28.19). La contemplation de la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, communion de trois personnes dans la même et unique divinité, nous poussera à être moins solitaires et plus solidaires, ou plus koinonikoi… et moins monachikoi.

La communion de la Trinité est l’archétype de la communion des croyants avec Dieu et les uns avec les autres (1 Cor. 1.9 et Ac. 2.42). Dieu nous invite à la vie de la Trinité, par le baptême de l’Esprit dans lequel nous sommes morts et ressuscités avec Christ, par lequel nous sommes devenus membres du corps de Christ ( 1 Cor. 12.13). Cette communion a des dimensions verticales et horizontales. À travers le Christ dans le Saint-Esprit nous avons communion avec la Trinité et, parce que baptisés dans le même Christ, nous sommes tous membres les uns des autres. Donc koinonoi ou solidaires les uns des autres.

Un exemple de cette koinonia a été donné par Paul qui a organisé la collecte en faveur des chrétiens de Judée. Par cette collecte l’apôtre veillait à la sauvegarde d’une église unie. Et au-delà de cette koinonia matérielle, c’est la dimension spirituelle qu’il recherchait. Les païens sont invités à faire acte de koinonia, parce qu’ils ont bénéficié des bénédictions spirituelles des Juifs (Rom. 15.13). Et tout cela c’est pour conduire à l’adoration et à la reconnaissance tout le monde : « En considération de ce secours dont ils font l’expérience, ils glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l’Évangile de Christ, et de la libéralité de vos dons envers eux et envers tous » (2 Cor. 9.13).

Le survol de l’emploi de koinonia et des mots de la même famille nous permet de trouver dans la Bible un appui solide quant à la solidarité à laquelle nous sommes appelés. Solidarité qu’il ne faut pas réduire, comme c’est le cas souvent, à un simple acte de soutien, mais qu’il faut ouvrir à son vrai sens. Car le mot koinonia-solidarité est un des mots les plus riches et profonds utilisés par les apôtres pour caractériser notre relation à Dieu et aux autres, proclamée dans la célébration de la Cène.

Notre conviction d’une ecclésiologie congrégationaliste met tout de suite en tension les réalités koinonia et solitarisme, solidaire et solitaire. Mais le congrégationalisme cherche à affirmer d’abord et surtout l’immédiateté de la présence de Christ, ou la souveraineté immédiate de Christ sur son Église. Ce n’était pas pour affirmer l’autonomie ou le solitarisme de l’église locale. Tout en affirmant le congrégationalisme, on affirmait la koinonia des églises et leur solidarité… La présence de Christ par son Esprit en toute église locale relie précisément ces églises les unes aux autres. Il est donc nécessaire d’établir des liens forts entre elles. Il est évident en effet que notre vocation chrétienne s’accomplit dans une vie de koinonia et d’abord avec Dieu et nécessairement ensuite avec les autres.

Les mots de la famille de koinon- présentent l’église comme une communauté de personnes qui entrent dans une relation spirituelle avec Dieu et avec les autres par l’Esprit (Ac. 2. 42 ; 1 Cor. 1.9 ; 2 Cor. 13.13). Parce que membres participant ensemble à la même foi et au même Esprit, parce que coparticipants aux mêmes bénédictions apportées par l’Évangile, nos relations se déploient dans plusieurs directions : le partage des biens, l’entraide et le soutien dans la détresse, la participation à la vie de Dieu. Dans ce sens la koinonia se comprend comme une vraie solidarité, qui ne laisse pas de place à l’isolement et au repli.