L’EGLISE QUI REUSSIT S’ENTOURE

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Auteur : Luciano BRANCO


INTRODUCTION

La plupart des gens veulent réussir. Mais que faut-il entendre par réussite ? D’ores et déjà, avant même de débuter notre réflexion, précisons ce titre : « L’Église qui réussit s’entoure ! » Premièrement, l’idée de « réussite » : elle se caractérise par le fait de posséder en abondance ce qui a le plus de valeur pour soi. Le mot clé à retenir est le mot VALEUR. La définition de la réussite est donc bien différente d’une personne à l’autre puisque nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Lorsqu’on évoque la réussite, et plus précisément ce qui concerne l’Église, celle-ci n’a évidemment pas adopté les valeurs du MONDE que l’on s’applique peut-être au quotidien ! Il est donc facile d’affirmer que nos valeurs sont liées à notre foi, donc spirituelles et non charnelles. La réussite de l’Église ne se fonde jamais sur « le fruit de la compétence ou sur le « le résultat d’une performance ». Elle les utilise néanmoins, mais nous traiterons de cela plus tard. Rappelons-nous l’engagement de Jésus-Christ : « … Je bâtirai mon Église… (Mt 16.18). Tout autre scénario ne peut que nous crisper !

Le livre de l’Ecclésiaste introduit un solennel avertissement aux ambitieux qui cherchent à réussir sur terre uniquement : « … Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours » (Ecc. 1.1-4). Le mot VANITÉ, au singulier ou au pluriel, revient plus de 30 fois dans ce livre. Le thème de la futilité et de ce qui est sans importance revient constamment. Avez-vous déjà eu le sentiment que la vie n’est qu’une succession de frustrations ? Salomon poursuit : « Toutes choses se fatiguent au-delà de ce qu’on peut dire, l’oeil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre » (Ec 1.8). L’humanité a-t-elle jamais été satisfaite de ce qu’elle possède ? A-t-elle jamais dit : « J’en ai suffisamment » ?

OUI ! Nous affirmons que « l’Église qui réussit s’entoure ». Néanmoins, nous ne souhaitons pas prescrire de recette miracle ! D’autres, bien plus expérimentés, ont déjà statué sur le sujet ! Les guides pratiques décrivant des modes de fonctionnement et des programmes sur mesure vous sont proposés dans vos librairies. Nous trouvons néanmoins dommage d’associer, la plupart du temps, la « réussite » aux résultats uniquement ! Nous serons certainement étonnés d’entendre un jour les louanges de notre Dieu envers des ouvriers, au travail, et dont le résultat, humainement parlant, est difficilement quantifiable !

De même, il est indispensable de saisir la signification néotestamentaire du terme « ÉGLISE ». Ce mot englobe pour certains l’ensemble de toutes les dénominations chrétiennes dans le monde. D’autres y voient une institution, sclérosée, qui se prête facilement à une manipulation, une fois que les postes « clés » tombent entre les mains d’hommes peu spirituels, tandis qu’aux yeux de beaucoup, ce mot ne définit qu’un bâtiment où le chrétien se dirige pour pratiquer des rites et partager sa foi avec d’autres. « On a, pendant des décades et même des siècles, ouvertement appelé Eglise quelque chose qui n’est pas l’Église ; et il en a été ainsi pour cette seule raison que l’on n’était pas au clair sur le sens du mot et de son contenu » (Emil Brunner). L’Église, au sens propre et spirituel, se voit à plusieurs niveaux, local et universel. En réalité, l’ensemble des rachetés, ceux qui ont l’Esprit Saint, à n’importe quel niveau d’expression, peut légitimement être appelé « Église ».

Venons-en maintenant à notre affirmation : « L’Église qui réussit s’entoure ! » C’est-à-dire qu’elle s’organise au-delà même des frontières de son clocher. Elle ne se prive de rien, à partir du moment que cela soit orthodoxe. Sa seule préoccupation est l’accomplissement total des mandats que Dieu lui a transmis. En cela, elle y trouve pleinement de la satisfaction, ce sentiment lié au fait d’accomplir ce qui est censé avoir le plus de valeur pour les croyants, c’est-à-dire l’ÉGLISE :

Gagner des âmes : 1 Pi. 2.9 ; Mt. 28.19-20 ; Ac. 1.8 ; 2 Cor. 5.20
Grandir en nombre et qualité : Eph. 4.11-12 ; Mt. 4.4 ; 1 Cor. 3.2 ; Héb. 5.11-14
Garder la saine doctrine : 1 Tim. 3.15 ; Jd. 1.3 ; Mt. 5.13-14
Glorifier le Christ : 1 Cor. 10.31 ; Eph. 1.5-6 ; 3.12 ; Rom. 5.6 ; Apo. 19.7

Attention ! Nous ne souhaitons pas aborder ici les combinaisons dénominationelles, mais considérer simplement un fait : « La cause de l’Évangile ». Elle est suffisamment importante pour nous y atteler sérieusement. Christ est digne d’obtenir de chacun de nous le meilleur ! Pour le dire autrement, n’ayons pas des motivations moindres envers le Royaume des Cieux. Dieu reproche au peuple d’Israël ses mauvaises préoccupations. Pourquoi ? Parce qu’il se concentre d’abord sur autre chose que sur la personne même de Dieu : « Vous comptiez sur beaucoup et voici que vous avez eu peu ; Vous l’avez rapporté à la maison, mais j’ai soufflé dessus. À cause de quoi ? Oracle de l’Éternel des armées : À cause de ma maison, qui est en ruines, Tandis que vous vous empressez chacun pour sa maison ». (Agg. 1.9-10).
Si quelqu’un a l’occasion d’avoir des conseils, une aide, un soutien ou quoi que ce soit qui puisse faire croître l’ÉGLISE et promouvoir l’Évangile, pourquoi s’en priver ? Mais aussi, si j’ai moi-même dans mon église la possibilité d’aider, de conseiller, pourquoi ne pas le faire ? « Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché » (Jq. 1.17).
Ce n’est pas un concept nouveau ! Nous le pratiquons tous les jours pour nous-mêmes, nos proches et nos enfants. Pourquoi pas pour l’oeuvre de Dieu ? Lorsque nous sommes en panne et que nous ne connaissons rien en mécanique, aimerions-nous recevoir le conseil d’un mécanicien ? Vous allez construire une maison : allez-vous vous entourer d’un architecte ? Vous n’avez jamais fait un noeud de cravate : accepteriez-vous que quelqu’un le fasse pour vous ? Vous êtes gravement malade : consulteriez-vous un médecin ? Nous qui n’hésitons pas au quotidien à nous entourer des meilleurs spécialistes en tout genre et de personnes bien disposées à notre égard, pourquoi ne pas avoir le même comportement vis-à-vis de l’ÉGLISE ? Pourquoi nous priver du meilleur pour l’œuvre de Dieu ? Pourquoi mon église aurait-elle réponse à tout ! Personnellement, pour mieux avancer dans la vie, dans notre quotidien, nous ne nous privons de rien ! En est-il de même pour l’œuvre de Dieu ?

La Bible expose moult situations qui nous montrent des hommes, des femmes, des communautés qui s’entourent afin de cheminer et grandir pour la gloire de Dieu. Toutes ces descriptions sont aujourd’hui pour nous des prescriptions. Je vous propose de considérer au moins trois vérités bibliques qui nous encouragent à ne jamais nous priver les uns et des autres :

L’Église qui réussit s’entoure…

Premièrement de l’Église
Évidemment de spécialistes
Forcément des besoins d’autrui


L’ÉGLISE QUI RÉUSSIT S'ENTOURE DE L'ÉGLISE

« Le corps humain forme un tout, et pourtant il a beaucoup d’organes. Et tous ces organes, dans leur multiplicité, ne constituent qu’un seul corps. Il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ » (1 Cor. 12.12, version Semeur)

L’Église locale représente les croyants qui se rassemblent et s’organisent sous la responsabilité de conducteurs spirituels. Elle est appelée à vivre sa foi de progrès en progrès. Comme le définit GRUDEM : « Il y a l’Église telle qu’on la voit et l’ÉGLISE telle que Dieu la voit ». De par notre histoire protestante, nous avons commis certaines erreurs : Nous avons par exemple cru que le salut s’obtenait par la foi indépendamment de l’ÉGLISE. Ce qui est faux ! Sans nous en rendre compte, nous avons appauvri théologiquement « l’ÉGLISE telle que Dieu la voit ». Les Catholiques, quant à eux, l’ont trop enrichie, puisqu’ils affirment qu’elle est moyen de salut.

Il ne faut pas penser que les chrétiens qui sont éparpillés dans le monde sont simplement des individus distincts et détachés les uns des autres. Ils sont le corps de Christ, l’Église. En tant que croyants, ils sont spirituellement corps de Christ. Lorsque Paul s’adresse aux Corinthiens, il leur rappelle cette réalité spirituelle qui existe au-delà même de leur propre communauté. « Aucun de nous ne vit pour lui-même et aucun ne meurt pour lui-même. Notre vie ne nous appartient plus. Notre vie durant, pour notre Seigneur, nous voulons vivre. Au dernier moment, pour notre Seigneur, nous voulons mourir. Dans la vie ou dans la mort, entre les mains du Seigneur nous demeurerons » (Rom. 14.7-9, Parole Vivante).

Il est clairement impossible pour un pasteur de tout savoir, de tout faire ! Jusque-là tout va bien, c’est une déclaration relativement acceptée. Mais si j’affirmais aussi qu’il est tout simplement impossible que votre église réponde à tous ses besoins, comment réagiriez-vous ? Peut-elle couvrir, à elle toute seule, toutes les activités évangéliques possibles ? Citez dans votre entourage une église en France capable d’assumer : des colonies de vacances, un institut biblique, un travail social d’envergure, la publication de littérature chrétienne, un soutien aux frères persécutés dans le monde, la traduction de la Bible dans de nouvelles langues … !

L’Église qui réussit s’entoure premièrement de l’Église telle que Dieu la voit. C’est une réalité que vous ne pouvez nier. J’ajoute qu’elle doit être cultivée, exploitée et propagée. Avant d’être une organisation, l’Église est un organisme, organique ! S’exonérer d’une telle vérité, n’est certainement pas sans conséquence.


L’ÉGLISE QUI RÉUSSIT S'ENTOURE ÉVIDEMMENT DE SPÉCIALISTES

Comment ne pas accepter une telle vérité ? Nous nous entourons au quotidien de spécialistes en tout genre ! Mais, lorsqu’il s’agit de l’oeuvre de Dieu, ce qui est évident pour nous ne le serait plus pour l’église ? Nous avons besoin de spécialistes comme nous le dit : Eph. 4.11-12 : «… il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ ».

Même si nous adoptons une position cessationiste (ce qui est mon cas) selon laquelle les apôtres et les prophètes n’existent plus, le principe n’est toutefois pas révoqué par le Seigneur « …il a donné les uns…les autres… pour le perfectionnement des saints en vue de... l’édification du corps de Christ ». Aujourd’hui encore, différents types de ministères spécialisés sont utiles au corps de Christ. Aujourd’hui encore, nous devons nous entourer de frères et de soeurs qui sont à la pointe dans leur domaine. Puis-je me permettre, afin d’aiguiser notre réflexion, la transcription de ce passage d’Ephésiens 4.11 en disant : «… il a donné les uns pour un ministère parmi l’enfance, les autres comme enseignants dans un institut biblique, les autres comme évangélistes parmi les juifs, les autres parmi les musulmans, les autres parmi les nécessiteux, les autres pour préparer les futurs missionnaires … pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ ».

Il ne s’agit pas de faire l’éloge des ouvriers fidèles que le Seigneur utilise, loin delà ! Nous voulons souligner le solennel avertissement de Mackintosch qui disait ceci : « Il y a toujours un grand danger dès qu’un homme (ou son oeuvre) commence à se faire remarquer. Si l’attention se focalise sur quoi que se soit ou qui que ce soit d’autre que le Seigneur Jésus lui-même, ce serviteur peut être sûr que Satan a atteint son objectif. Une oeuvre peut débuter dans la plus grande simplicité, mais par manque de sainte vigilance et de spiritualité, il se peut que l’ouvrier attire l’attention sur lui-même ou sur les résultats de son oeuvre, et tombe ainsi dans le piège du diable. Le plus grand objectif de Satan est toujours de déshonorer le Seigneur Jésus. Et s’il y réussit par ce qui semble être un service chrétien, il a remporté la plus grande victoire du moment. » (C.H. Mackintosch)

S’abstenir de personnes compétentes et spécialisées, qui le sont parce que l’Esprit de Dieu les y a disposées, c’est tout simplement aller à l’encontre du processus que Dieu a établi pour son Église. Alors, sommes-nous indispensables à l’oeuvre de Dieu ? Certainement pas ! Mais Dieu a fait le choix de bâtir Son Église ainsi : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Mt. 16.18).


L’ÉGLISE QUI RÉUSSIT S'ENTOURE AUSSI DES BESOINS D'AUTRUI

Le Nouveau Testament nous présente toutes sortes d’églises du premier siècle. Nous constatons que chacune d’entre elles a des carences à un moment ou à un autre ! Certaines reçoivent des encouragements et d’autres des avertissements :
L’église de Thessalonique est connue pour sa foi : « votre foi s’est fait connaître en tout lieu » (1 Thess. 1.8).
L’église de Corinthe, au contraire, est célèbre pour la pagaille qui règne en son sein. Il y a ainsi en son sein du désordre social, moral, ecclésial, doctrinal, et désordre même entre frères : «...moi je suis de Paul, moi de Céphas, moi de Christ...» (1 Cor. 1.12).
L’église des Galates se fait remarquer principalement par son inconstance théologique. « Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelé par la grâce » (Gal. 1.6).
L’église d’Éphèse est connue pour sa profondeur et son amour. Premier amour, qu’elle abandonnera avec le temps. « Ce que j’ai contre toi s’est que tu as abandonné ton premier amour » (Apo. 2.4).
L’église de Philippe est reconnue pour la part qu’elle a prise à l’Évangile (Phil. 1.5).
L’église de Bérée est Baptiste 🙂 parce qu’elle vérifiait tous les jours dans les Écritures si ce que Paul prêchait était exact.

Vous constatez au travers de ces textes que, bien que ces communautés soient toutes au bénéfice de la croix, toutes n’ont pas les mêmes besoins ! Aujourd’hui, comment faire pour implanter une nouvelle église en France ?

Certaines églises vacillent alors même qu’elles ont eu un bon départ.
D’autres vivotent et, après des années, elles stagnent ou ferment.
Quelques-unes n’arrivent même pas à décoller.

La question qui se pose à nous aujourd’hui : Que se passe-t-il lorsqu’une église pionnière est en difficulté, en carence et dans un besoin ? RIEN ! Il ne se passera RIEN pour la bonne et simple raison que l’Église de demain sera toujours celle qui se décide aujourd’hui ! Pour mieux comprendre cette affirmation, j’aimerai que l’on puisse s’inspirer de l’église de Jérusalem. Pourquoi Jérusalem ? Simplement parce que nous avons là un exemple d’église mature. Observons son attitude vis-à-vis de ce qui se passe à Antioche. L’église d’Antioche (Ac. 11.19-24) est née par le témoignage de chrétiens en fuite et persécutés. C’est dans la souffrance et la douleur que cette église vient au monde. Non pas tant par les gens d’Antioche, mais par ceux qui fuient Jérusalem !
« Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l’occasion d’Étienne allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs. Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, étant venus à Antioche, s’adressèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles des membres de l’Église de Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu’à Antioche ». (Actes 11.19-22)

D’où viennent les ressources d’une église naissante comme celle d’Antioche ? Qu’elles soient matérielles ou humaines, elles sont toutes externes ! Cela signifie que l’église de Jérusalem s’entoure, certes, mais entoure réciproquement ceux qu’elle a la capacité d’aider ! Pour Antioche, tout a été envoyé et financé par l’église de Jérusalem. En particulier le premier ouvrier, en l’occurrence Barnabas, puis l’apôtre Paul. Plus tard (Ac. 11.30), l’église d’Antioche, après avoir été entourée de l’église de Jérusalem, est maintenant capable de venir à son tour en aide aux autres communautés. Ils ont compris qu’un don ne se donne pas à l’aveugle. Ils le confient à des anciens qui sauront en faire un bon usage spirituel. Cet exemple à lui seul nous démontre l’utilité d’avoir des églises qui considèrent aussi les besoins d’autrui.

On dit que celui qui réussit, c’est celui qui s’entoure, ou qui sait s’entourer. Lorsqu’on se lance dans le ministère pastoral, il est tout à fait naturel qu’on cherche à accomplir son ministère de manière efficace. Bien entendu, ce désir ne doit pas avoir la prétention de produire la réussite, mais il n’en reste pas moins un devoir de notre part. Dieu attend de nous une consécration totale qui suppose de mettre en œuvre notre zèle, notre rigueur, notre ambition, notre savoir-faire, notre coeur, tout en réalisant que tout n’est que grâce de Dieu.

L’Église qui réussit s’entoure…

Premièrement de l’Église
Évidemment de spécialistes
Forcément des besoins d’autrui