L’EGLISE QUI REUSSIT S’ENTOURE

< Koinonia

Auteur : David MUMFORD


Il est évident que le corps de Christ dans son ensemble ne nous apporte que du positif ; puisque c’est l’Esprit lui-même qui le constitue et qu’il est maintenu en place par Jésus-Christ.
Ce qui est bien sûr plus délicat, ce sont les individus qui composent des églises locales !
Dans certains cas, des chrétiens exacerbés par les problèmes, voire par la méchanceté des autres, lâchent tout, ou presque, et laissent de côté les assemblées. D’où le choix du titre : « Si, l’Église me fait du bien ! » en dépit du fait que certains dans des églises puissent avoir été blessés.

Cette courte épître de Jean confirme que les relations dans l’église, facilités par l’amour (terme utilisé six fois) et soutenus par la vérité (sept fois), ont un impact énorme sur le croyant. L’objectif de cette étude sera de montrer qu’il est nécessaire à chaque croyant, à chaque responsable d’église, de chercher volontairement à développer la communion fraternelle par tous les moyens possibles. Ensuite, le but est d’inciter les chrétiens dans nos assemblées respectives à saisir son importance. Cette communion n’est en aucun cas accessoire !


I. COMMENT DÉVELOPPER PRÉCISÉMENT LES RELATIONS ENTRE CHRÉTIENS D'UNE EGLISE D'APRÈS CE CHAPITRE DE 3 JEAN

A. Par un réel intérêt pour l’autre, fruit de l’amour et de la vérité venant de Dieu (3.1-2).
« L’ancien à Gaïus, que moi, j’aime dans la vérité »

Cet ancien est en toute probabilité l’apôtre Jean, bien qu’il ne soit pas nommé, mais parce que le ton de la lettre ressemble à celui de 1 et 2 Jean et que dans l’histoire de l’Église, l’épître lui a été clairement attribuée, et ce très rapidement.
Jean dit : « Aimer dans la vérité », ce qui signifie, soit qu’il l’aime sincèrement, vraiment ; soit qu’il aime Gaïus parce qu’il appartient, comme lui, à ceux qui se sont tournés vers le Seigneur. Ou peut-être faut-il comprendre les deux options comme vraies toutes les deux…

Notons le souhait sincère de Jean pour la santé de son ami ; car la prospérité de son âme, elle est déjà indéniable : « je souhaite que tu prospères à tous égards et sois en bonne santé ».

L’apôtre Jean a une vraie préoccupation pour Gaïus, sans arrière-pensée (pas juste pour qu’il se montre généreux, ou qu’il fasse le ménage…).

L’amour venant de Dieu ; la Vérité venant du ciel doit forcément occasionner un réel intérêt, une vraie sollicitude, envers un maximum de personnes… Peut-être pas pour tous au même degré, avec la même intensité (car on voit bien qu’il y a un lien fort entre Gaïus et Jean). Les affinités permettent et facilitent les amitiés (et c’est très bien), mais l’amour authentique provenant de Christ motive une réelle préoccupation de l’autre qu’il y ait ou pas des affinités humaines.

Comment, développer les relations entre chrétiens d’une église, d’après ce chapitre de 3 Jean ?

B. Par l’éloge volontaire des qualités de l’autre (3.3-6a ; 12)

C’est-à-dire par l’approbation, le fait de reconnaître, de complimenter même l’autre.

1) L’ancien est plein de joie – plus encore, il jubile ! – parce que son protégé avance si fidèlement avec le Seigneur. Gaïus progresse, il marche dans la vérité ; il se conduit comme un bon disciple de Jésus-Christ. Jean s’en réjouit fortement « je n’ai pas de plus grande joie… » ET il le dit à Gaïus ainsi qu’à nous à tous. Il le claironne à travers les âges en quelque sorte, loin de cette sorte de pudeur qui penserait « il ne faut pas être trop positif ; la personne risque de s’enorgueillir… ». Il y a un vrai désir d’encouragement de la part de Jean.

2) Ensuite, d’après les versets 5-6a, Jean approuve particulièrement le rôle et l’action de Gaïus : il agit « fidèlement » en s’occupant des frères en voyage (les missionnaires).

3) Cela nous montre l’importance de la reconnaissance des qualités de l’autre ; de la reconnaissance publique (dans certains cas) de l’action de la grâce de Dieu dans la vie de l’autre. Cela se confirme d’ailleurs plus loin, au verset 12 : « Tous, et la vérité elle-même, rendent un bon témoignage à Démétrius. » Démétrius était un frère qui marchait « droit », cela se voyait, et pourtant Jean le redit !

Nous n’avons pas le contexte pour déterminer pourquoi il est mentionné ici, juste après Diotrèphe. Toujours est-il que cet individu est encensé, recommandé par l’apôtre Jean. Nous trouvons ce même état d’esprit chez Paul, qui écrit aux Corinthiens : « je rends continuellement grâce à Dieu à votre sujet » (1 Cor. 1.4), alors que l’on sait tous les problèmes que lui occasionnaient les chrétiens de Corinthe !

Ce n’est pas toujours la norme d’être positif, de voir le bon côté des choses, de faire preuve d’un « saint optimisme »… Dans la langue française, nous disons « pas mal » pour signifier « bien » ; « pas vilain » pour dire « beau » et « pas bête » pour dire intelligent !

Mais si l’on veut renforcer les liens fraternels, il faudrait louer l’action de Dieu dans une vie, l’obéissance, les progrès, etc. Jean le fait ici, Paul le fait, pourquoi pas nous ??

Comment, développer les relations entre chrétiens d’une église, d’après ce chapitre de 3 Jean ?

C. Par la recherche de rencontres productives (3. 13-14, 15b)

« J’espère te voir bientôt » dit l’Ancien. Oui, il y a une énorme joie à pouvoir dialoguer avec d’autres frères et sœurs.

Il y a un temps pour la plume et l’encre, il y a un temps pour le clavier et l’écran, il y a un temps pour Skype, mais il y a visiblement nécessité, par moments, d’approfondir les relations par des rencontres. C’est d’ailleurs l’un des objectifs principaux de la CEBI.

« Les amis te saluent. Salue les amis, chacun en particulier. » Nous voyons ici l’importance de l’individu – le même esprit qu’on note dans la longue liste de Romains 16. Dieu a déterminé que sa Parole devait contenir non seulement de la doctrine, mais des salutations !


II. POURQUOI DÉVELOPPER ACTIVEMENT LES RELATIONS ENTRE CHRÉTIENS D'UNE EGLISE D’APRÈS CE CHAPITRE DE 3 JEAN

A. Parce que les besoins matériels et spirituels sont immenses (3.6b-8)

Évidemment, le but n’est uniquement que l’échange, la bonne entente, des relations chaleureuses : « tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu ». Le but du renforcement des liens est aussi de pourvoir aux nécessités : le besoin matériel. Comme on le sait, les voyages de cette époque présentaient d’énormes risques. Les chrétiens avaient un grand besoin de finances et d’hébergement. Il fallait que Gaïus réponde présent : « d’une manière digne de Dieu », c’est-à-dire ce qui plairait à Dieu, en fonction de ses moyens.

Jean précise que les frères sont partis « sans rien recevoir des païens ». Les missionnaires ont besoin d’être secourus par les amis chrétiens, car ils ne recevront pas d’aide des non-croyants.

Parler d’amour se traduit naturellement par des œuvres de bienfaisance et du soutien matériel. Cela a d’ailleurs toujours été typique de l’Église de Christ de par le monde ; dès les premières années le témoignage était celui de croyants qui sauvaient des nouveau-nés, qui secouraient les veuves, aidaient les malades, tout en témoignant, une sorte de Sécurité Sociale qui fonctionnait bien et sans déficit…

Mais il y a bien sûr le besoin spirituel : « car c’est pour le Nom qu’ils sont partis ». Faire connaître le Nom de Jésus est la motivation suprême. Lorsque nous « accueillons de tels hommes », c’est-à-dire lorsque nous les aidons financièrement et spirituellement, nous devenons « ouvriers avec eux pour la vérité. » S’il y avait un représentant itinérant de l’AMEBI, voilà le verset qu’il pourrait mettre sur sa carte de visite ! Nous désirons motiver les personnes de nos églises à sympathiser avec les missionnaires, mais à surtout être enthousiaste pour leur mission : parler du Nom de Christ ! Présenter le message de Christ est si vital qu’il faut qu’un maximum de chrétiens s’investisse.

Pourquoi développer activement les relations entre chrétiens d’une église, d’après ce chapitre de 3 Jean ?

B. Parce qu’il y a de l’opposition au sein même de la communauté chrétienne (3.9-10)

La deuxième raison évidente dans notre texte pour chercher à amplifier la communion fraternelle autant que possible est la réalité des conflits.

L’Église peut être infestée de trouble-fêtes : en voici le champion. Diotrèphe rejetait même l’apôtre Jean ! De notre point de vue, cela paraît incroyablement « gonflé », et pourtant c’était le cas. D’après le grammairien A.T. Robinson, plutôt d’une vingtaine de diacres dans des églises diverses, s’étaient sentis personnellement visés lorsqu’un article sur Diotrèphe était apparu dans une revue chrétienne. Leur conscience n’était visiblement pas tranquille !

Mais avant de nous rappeler des p il convient d’admettre la possibilité qu’il nous soit arrivé à nous, par moments, de manifester des caractéristiques similaires ; d’avoir été un peu « diotréphiste » …

Ce Diotrèphe donc, cherche à être reconnu, à avoir la première place ; à répandre des paroles mauvaises. En bref, il raconte « n’importe quoi ». Il rejette les chrétiens de passage ; et va jusqu’à chasser de l’assemblée d’autres avec qui il n’est pas d’accord. Tout cela est bien sûr lamentable. Et Gaïus ne doit pas imiter Diotrèphe, mais Jésus. « Celui qui fait le bien » — le Vrai Bien — montre sa foi.

Si nous notons l’ensemble de la lettre, nous pouvons conclure que nous devons gérer les conflits, l’opposition, en partie en privilégiant l’amour et la vérité, pour développer de riches relations humaines en Christ.


CONCLUSION

Pour conclure, un mot également sur les chrétiens isolés. Que dire aux gens qui cherchent la communion fraternelle, mais ne peuvent l’obtenir autant qu’ils le voudraient ? Les gens qui ont l’impression que l’Église les a laissé tomber… N’oublions pas que dans quelque temps, Jean se retrouvera exilé sur l’île de Patmos ! Et là, il n’y aurait pas d’étude biblique, a priori, pas de conférence spéciale. Jérusalem et Éphèse, où Jean a longtemps exercé, étaient loin, très loin !

Mais l’apôtre écrit à Gaïus : « que la paix soit avec toi. » Car, quoi qu’il advienne, la paix du Seigneur, disponible par la grâce de Dieu, rendue possible par le sacrifice puissant de Jésus sur la croix, demeure sur vous. Garantissant que, malgré l’isolement, malgré les déceptions, les désaffectations, le Saint-Esprit demeure en nous et assure une communion intérieure et permanente, jusqu’au jour où nous serons réunis au ciel. C’est cela aussi le message de cette courte 3ème épître de Jean.